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Arthur Francietta : Réinventer l’écriture créole, du souffle ancestral à la création contemporaine


Le 1er novembre 2025, un artiste aux multiples alphabets s’apprête à faire vibrer la baie de San Francisco. Arthur Francietta, typographe et designer antillais, viendra explorer la frontière mouvante entre l’art, la langue et la mémoire lors d’une conférence intitulée « Ce qu’une lettre ne peut dire : Écriture graphique et futurs créoles », organisée par l’Université Stanford dans le cadre du Stanford World Language Project, en partenariat avec Villa Albertine San Francisco, l’Alliance Française Silicon Valley (AFSV), l’AATF-Nord Cal et avec le soutien du Consulat général de France à San Francisco et du comté de San Mateo.

Né en Martinique, Arthur Francietta appartient à cette génération d’artistes qui refusent les frontières et les étiquettes. Graphiste, typographe et directeur artistique, il navigue entre Paris et la Caraïbe, entre tradition et innovation, entre mémoire et futur. Diplômé de l’École Estienne à Paris et ancien résident de l’Atelier National de Recherche Typographique (ANRT), il s’est rapidement distingué par une approche singulière alliant recherche, spiritualité et création numérique.

Ses collaborations avec le Laboratoire de linguistique de l’Université de Californie à Berkeley, le Designlabor Gutenberg Institute en Allemagne, et le Pérez Art Museum Miami (PAMM) témoignent d’une démarche internationale. Francietta explore les systèmes graphiques non alphabétiques issus des traditions afro-caribéennes et amérindiennes, notamment les vévés haïtiens, l’anaforuana cubaine et les pétroglyphes taïnos. À travers ces symboles, il interroge la mémoire et la résistance. « Je vois ces signes comme des racines », explique-t-il. « Ils plongent dans le passé, tout en nourrissant nos imaginaires contemporains. »

En 2025, Arthur Francietta est en résidence à la Villa Albertine, programme culturel français qui réinvente la notion de résidence d’artistes aux États-Unis. Pour lui, cette résidence est bien plus qu’un séjour : c’est un laboratoire d’expérimentation. Son projet, intitulé « Écrire la Caraïbe : vers une graphie créole », prolonge ses recherches sur les proto-écritures et la créolisation visuelle. Il y mêle typographie, mythologie et littérature, puisant dans les œuvres de Patrick Chamoiseau, Édouard Glissant et Michael Roch pour imaginer un système graphique inspiré de la pensée créole. « Je cherche à inventer une écriture poétique, hybride, à la fois enracinée et tournée vers le numérique », confie-t-il. « Une langue visuelle pour faire dialoguer la Caraïbe et le monde. »

L’œuvre d’Arthur Francietta est un dialogue constant entre passé et avenir. Il ne s’agit pas seulement de raviver des traces, mais de les transformer en ressources pour l’imaginaire. Sa typographie Medefaidrin, intégrée à la collection Noto Sans de Google Fonts, incarne déjà cette tension féconde entre préservation patrimoniale et création contemporaine. Aujourd’hui, il développe une typographie créole enrichie d’un index de signes précolombiens et caribéens, tout en poursuivant un travail curatorial mettant en lumière les artistes de la Caraïbe et de la diaspora. Ses projets comme Sentinelles (Martinique, 2022), Existence #2 – Distanciation sociale (2020) ou Liquidation totale (Paris, 2024) interrogent les notions d’insularité, d’écologie et de pérennité artistique.

« Je veux que la mémoire soit un matériau vivant, pas une relique », affirme-t-il. « Créer, c’est continuer à écrire ce qui a été effacé. » Dans son univers, le geste précède la parole. Ses “divinations graphiques”, à mi-chemin entre dessin rituel et recherche plastique, évoquent les traditions spirituelles africaines et amérindiennes tout en dialoguant avec les théories contemporaines de la sémiotique et de la poétique visuelle. Cette approche trouve un écho dans la pensée d’Édouard Glissant, pour qui la “poétique de la relation” repose sur la multiplicité et le métissage des formes. Francietta traduit ce concept en images, faisant de ses œuvres des espaces de rencontre entre continents et cultures. « Glissant disait que comprendre, ce n’est pas réduire », aime-t-il rappeler. « Je travaille avec cette idée en tête : laisser les formes se rencontrer sans les figer. »

La conférence du 1er novembre offrira une plongée dans cet univers. Elle sera présentée en français, mais les participants non francophones, qui comprennent le français sans être à l’aise pour le parler, pourront poser leurs questions en anglais. L’objectif est d’encourager un dialogue ouvert, fidèle à l’esprit même du travail de Francietta : une conversation sans frontières entre langues et imaginaires.

Au-delà de la rencontre avec l’artiste, cette matinée s’inscrit dans une dynamique nouvelle de collaboration entre institutions francophones et américaines de la baie de San Francisco. L’Université Stanford, à travers le Stanford World Language Project, ambitionne de faire dialoguer les disciplines – de l’art à la science, de la littérature à la technologie – afin de montrer que la langue française est vivante, en constante évolution, et toujours ouverte sur le monde.

Dans ce contexte, la venue d’Arthur Francietta prend une dimension particulière : elle relie Caraïbe, Europe et Californie dans une même conversation sur la mémoire, l’identité et la modernité. Sa conférence sera l’un des temps forts de la saison culturelle francophone de l’automne 2025.

À travers ses créations typographiques et ses projets curatoriaux, Francietta pose une question essentielle : que devient l’écriture à l’ère du numérique ? Dans un monde dominé par interfaces et algorithmes, son travail redonne au signe une dimension humaine et spirituelle. « Je ne suis pas nostalgique des écritures anciennes », confie-t-il. « Mais elles nous rappellent que chaque signe, avant d’être un code, est un souffle. »

Son art n’appartient à aucun territoire fixe. Il circule, relie, invente. Il résonne avec les grandes questions de notre époque : comment préserver les héritages sans les figer ? Comment créer à partir des fractures ? Comment écrire le futur depuis la marge ? À l’approche de sa conférence, Francietta préfère parler de continuité plutôt que de rupture. « Je crois à la circulation », dit-il. « Chaque œuvre est un passage : entre continents, langues, rêves. »

 

Informations pratiques

Conférence : Arthur Francietta – Ce qu’une lettre ne peut dire : Écriture graphique et futurs créoles
📅 Samedi 1er novembre 2025
🕘 9h00 – 11h00
📍 101 Twin Dolphin Drive, Redwood City
🎟️ Entrée libre sur inscription – places limitées
🔗 RSVP ici : https://tinyurl.com/SWLP-November-2025

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